2 mars 2009

L’art et la marinière

Source d’inspiration sans fond, l’uniforme marin n’a cessé de faire des vagues dans le vestiaire de la mode depuis un arrêté ministériel de 1858.
C’est sous la plume de l'amiral Hamelin dans le bulletin officiel de la marine du 27 mars de cette année que la chemise de coton tricoté, ou fameuse « marinière » sombre sous une réglementation rigoureuse : « Le corps de la chemise devra compter 21 rayures blanches, chacune deux fois plus larges que les 20 à 21 rayures bleu indigo ».
Vareuses, paletots, cabans en drap épais bleu foncé, pantalons à pont, bonnets à pompon (dont la symbolique ne cessera de faire tanguer les cœurs féminins) ne resteront pas en fond de cale bien longtemps.

A l’abordage de la garde-robe enfantine, c’est la reine Victoria qui introduira sur la terre ferme le style marin, habillant ses progénitures en véritables petits matelots.
A la Belle Époque, les costumes de bain à rayures blanches et bleues auront le vent poupe sous l’engouement des élégantes pour les bains de mer.

Par la suite, les femmes affranchies dont Gabrielle Chanel, Colette, Ella Maillart ou Suzy Solidor hisseront le pavillon de l’uniforme marin au rang de véritable style life.
Starisée dans les années 50 par Brigitte Bardot, Jean Seberg ou Picasso, la marinière sera définitivement toutes voiles dehors.
Dans le sillage d’Yves Saint Laurent dans les années 60, les grands noms de la mode française dont Givenchy, Dior, Lanvin ou Rykiel mèneront une régate effrénée pour transporter l’univers marin du pont des navires au tapis rouge des défilés.
Du ciré jaune de Jean-Charles de Castelbajac au caban de Ted Lapidus, c’est sans doute la marinière de Jean-Paul Gaultier, devenue uniforme du trublion de la mode, qui ancre le vestiaire marin dans l’univers des couturiers.

Mettez cap sur cette exposition vivifiante afin de découvrir qui d’entre le marin idéal, l’aventurier, le « mauvais garçon » et le tatoué vous fera chavirer ? SB

« Les marins font la mode »
Du 1er mars du 26 juillet 2009
Musée national de la Marine, Paris 16


Photos : Coco Chanel, 1930 et Jean Seberg, 1959